J’ai eu l’occasion d’accompagner une enseigne de grande distribution Zôdio, du groupe Leroy Merlin spécialiste de la cuisine et du DIY, pour amener un peu de « specialty » dans leur « coffee ».
A l’éternelle question « Comment répandre le café de spécialité à tous? » je n’ai à ce jour pas de solution simple. Cependant, j’ai pu rencontrer chez Zôdio des personnes vierges de toutes informations sur le café comme on l’entend et avec la création de pédagogies, de formations et de démonstrations, j’ai pu entrevoir quelques réponses.
Pendant notre collaboration, j’ai beaucoup appris sur ce fossé entre les enthousiastes de café et le consommateur de café lambda.
Premièrement, il faut calibrer le discours. Tout le monde ne peut pas avoir le temps, ni la passion d’un barista pour tout connaître de A à Z sur le café. Il fallait donc faire un choix, une sélection des clés que j’allais donner aux équipes du magasin que j’ai formé.
Même si ce n’était pas dans les détails, j’ai choisi de parler de tout l’acheminement du café, de l’arbre à la tasse. Car j’ai parié sur le fait que les conseillers n’iraient pas vendre du bon café aux clients si eux-mêmes, n’étaient pas émoustillés par le projet. Au final, j’ai perçu énormément d’intérêt et un quizz de fin de journée pas si facile et réussi à presque 100% .
Deuxièmement, il fallait être concret. Former des conseiller pour qu’ils soient à l’aise dans leur rayon café avec plein de nouveaux cafés, machines et accessoires étaient choses faite. Maintenant il fallait tout simplement donner les règles d’or pour être plus concret et s’inscrire dans la vie quotidienne du client.
1) Comment choisir son café? Comment interpréter ce que l’on voit ou ne voit pas sur les packaging des cafés.
2) Comment préparer son café? Qu’est-ce qu’un café frais? Quelles sont les 2, 3 règles simples, mais tellement efficaces pour obtenir une bonne tasse?
Chercher le perfectionnement dans le café de tous les jours que les clients de cette enseigne consomment aurait été une erreur. Par contre, il faut donner les bases et les clés afin qu’ils commencent à apprécier voire, qu’ils commencent à percevoir des arômes en bouche. Et c’est à celle ou à celui qui aura le plus d’affinité d’aller pousser, un peu plus, la porte du café de spécialité… Donc il y avait bien là, une étape de mise à niveau à effectuer avant de transmettre toute la richesse du café de spécialité.
Dans le milieu, on fait beaucoup de parallèlismes avec le café et le vin, et bien
c’est comme si aujourd’hui la majorité de foyers étaient encore aux vins de tables…
Expliquer les arômes, la conservation, les terroirs, etc… prendra du temps avant que ça ne se généralise.
Ensuite, ce que j’ai le plus apprécié pendant mes interventions étaient les questions, car ce sont des révélateurs d’une habitude de consommation;
Comment reconnait-on alors un « café de spécialité »? Y a-t-il un label « café de spécialité? » ou « Quel est alors le café du matin? et celui du soir?
Des questions tellement simples et qui pourtant génèrent des réponses tellement complexes…
Aujourd’hui la grande distribution a mis un pied dans le café de spécialité. Et comme nous le savons tous, la grande distri créé rarement un besoin, mais souvent répond aux besoins de la masse. Donc si elle s’y met c’est que la machine fonctionne… Quelques marques de cafés ont compris qu’il y avait là un marché d’avenir et commencent à étiquetter leurs paquets de café avec des origines, des fermes, des variétés, précisant la mouture, voire la méthode naturel/lavé…
C’est un bon début, maintenant il faut ne rien lâcher, continuer à expliquer, et j’insiste, sans brusquer en passant par une mise à niveau s’il le faut.
Müge TEXTORIS